Il s'agit de "libérer l'éolien"!!! :réduire les recours, donner un peu de retombées fiscales aux communes impactées, se passer de procédure d'autorisation pour la rénovation des parcs éoliens,mettre dans chaque parc la moitié des éoliennes en lumière fixe, l'autre moitié restant en flashs lumineux, "mettre au pas"les préfets récalcitrants...
Vous avez conduit pendant trois mois un groupe de
travail pour « libérer l'éolien » avec des élus, des entreprises et
des associations. Y a-t-il un consensus pour en accélérer le
développement ?
Tout le
monde est convaincu que la programmation pluriannuelle de l'énergie qui se
discute en ce moment doit s'écrire de manière sincère, que rien ne sert de se
donner des objectifs si on ne s'intéresse pas au « comment » on y
parvient.
Le temps de développement des projets éoliens en
France est l'un des points les souvent critiqués. Comment y remédiez-vous ?
Il faut à la
fois accélérer le montage des projets d'éolien terrestre, et améliorer leur
acceptabilité. L'objectif est de diviser par deux le temps moyen des
procédures : au lieu de sept à neuf ans aujourd'hui, nous allons ramener
ce temps à trois à cinq ans, ce qui change totalement la donne, y compris pour
mobiliser des financements.
Concrètement, comment procédez-vous ?
Nous allons
supprimer un niveau de juridiction pour le traitement des contentieux - celui
du tribunal administratif de première instance. Les recours seront directement traités par les
cours administratives d'appel, en France et outre-mer. C'est déjà le cas pour
l'éolien en mer mais aussi pour les salles de cinéma de plus de 300 places par
exemple ! On ira ainsi probablement vers une homogénéisation des
jurisprudences. Les droits du justiciable ne seront pas amoindris, et le
recours en conseil d'Etat sera toujours possible. Mais 70 % des projets font aujourd'hui l'objet d'un recours
et la quasi-totalité vont en appel. Cette mesure permettra de gagner deux à
trois ans.
Les recours traduisent souvent une hostilité locale.
Comment l'éviter ?
D'abord en
étant plus juste envers les collectivités : je présenterai, lors du
prochain projet de loi de finances, une meilleure répartition de l'Ifer,
l'imposition forfaitaire pour les entreprises de réseaux, à périmètre constant.
Aujourd'hui, l'Ifer est partagée entre l'échelon intercommunal - l'EPCI - et le
département, alors que c'est la commune qui héberge le parc éolien. Dans mon
département de l'Eure, il y a eu beaucoup de brouilles sur ce sujet. Il s'agira
désormais d'octroyer 20 % de l'Ifer aux communes, et je préconise de ne
pas toucher au bloc départemental. Ce n'est pas pour favoriser une instance
plus qu'une autre, c'est pour n'en oublier aucune. Ensuite, en offrant la
possibilité aux riverains de s'approprier les projets sur leur
territoire : nous allons systématiser les bonus dans les appels d'offres
pour les projets qui favorisent le financement participatif avec des fonds
provenant de financeurs locaux.
Le secteur demande d'assouplir les conditions de
rénovation des parcs éoliens. Y êtes-vous favorable ?
Devoir repartir à zéro pour rénover un parc est
un obstacle à la régénérescence de la technologie, alors même qu'elle apporte
certaines améliorations, par exemple en termes de bruit et de puissance. Nous
souhaitons donc, quand la modification du parc n'est pas substantielle, avoir
un régime simple dans lequel il n'y a qu'une adaptation de l'autorisation
initiale. Ainsi, on ne relancerait pas une procédure si le projet de
modification est dans l'esprit des droits acquis lors de la première
déclaration ICPE. Cela sera défini par circulaire.
Les riverains se plaignent des nuisances lumineuses
des éoliennes la nuit. Avez-vous trouvé un remède ?
Les flashs
nocturnes perturbent les riverains. Nous allons arriver à un panachage des
mâts : la moitié aura des lumières fixes, et sur les « noeuds »
d'un parc, les lumières seront clignotantes mais avec un rallongement du temps
entre deux éclats à trois secondes. C'est un bon consensus, validé par l'armée
et l'administration de ce ministère.
Des développeurs estiment que certains préfets sont
hostiles par principe à l'éolien. Est-ce le cas ?
Nous allons
leur rappeler le champ d'appréciation qui doit être le leur. Il faut créer de
la prévisibilité. Nous allons aussi nommer un médiateur national, parce qu'un
préfet peut avoir besoin d'un tiers pour résoudre un conflit et facilité l'avancement
d'un projet. Nous lancerons un guide pratique entre développeurs et élus, parce
que certains rudiments de concertation ne sont pas toujours assurés.
Les contraintes du ministère de la Défense et des
radars gèlent le développement de l'éolien sur de vastes surfaces. Est-ce
toujours légitime ?
L'armée
prend des précautions systématiques et gèle ainsi une partie importante du
territoire. Il y a désormais un engagement des militaires à faire une étude au
cas par cas, à l'aide d'un logiciel, et ils devront rendre un avis motivé. Par
ailleurs, les Armées vont se lancer sur le déploiement d'énergies renouvelables
sur leur foncier. Elles ont de grands terrains, de grandes toitures, elles
veulent se verdir et cela leur procurera des ressources.
Vous passez trois jours à Fessenheim. Quels travaux
ont été préparés pendant cinq ans par la délégation interministérielle ?
Les agents
de ce ministère et le préfet ont fait des choses bien mais du temps a été
perdu. Le comité de pilotage que je vais installer devrait être en place depuis
longtemps, mais c'est l'héritage.
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