vendredi 13 mars 2020

Communiqué de presse "Éolien : non à la cacophonie, pour une transition énergétique acceptée par tous les citoyens "



9 associations nationales engagées dans la défense de l’environnement et du patrimoine demandent au ministère de la Transition écologique et solidaire de mettre ses actes en accord avec la prise de position du Président de la République : la transition énergétique ne doit plus passer par le développement de l’éolien, et le cadre de vie des Français doit être protégé par des mesures immédiates. 

Des réunions se tiennent sous l’égide de Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État, visant à répartir « harmonieusement » 6.500 éoliennes (chiffre gouvernemental) d’ici 2028 dans le cadre d’une Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), en sus des 8 000 éoliennes terrestres déjà implantées dans le plus grand désordre depuis dix ans. Les nouveaux engins seraient plus hauts que les précédents, plus puissants et donc plus agressifs. Dès lors, aucune répartition « harmonieuse » n’est possible. Et pourtant,
l’implantation de ces éoliennes est préparée par un démantèlement obstiné des normes de protection de l’environnement et une réduction sans précédent de la capacité d’agir en justice des citoyens (décrets Lecornu et De Rugy en 2018).

Cet objectif se trouve en totale contradiction avec les déclarations récentes du chef de l’État. Normalement, celles-ci devraient se traduire par un moratoire de l’éolien terrestre. La secrétaire d’État à la Transition vient de le refuser. Elle a ajouté que la PPE, qui prévoit une multiplication par deux et demi en dix ans du potentiel éolien terrestre installé dans notre pays, ne serait pas modifiée alors même que le rapport parlementaire sur les énergies renouvelables condamne la poursuite de cette programmation centrée sur l’éolien.

Les associations refusent le processus délétère de répartition des 6500 nouvelles éoliennes visant à opposer les régions déjà victimes de ces machines à celles qui le sont moins par le biais d’un « bonus-malus », c’est-à-dire d’une modulation de l’aide publique selon l’emplacement. Deux raisons s’y opposent : on ne ferait que déplacer la douleur sans traiter le fonds du problème. En outre il s’agirait d’accroitre l’aide déjà excessive accordée aux promoteurs éoliens aux dépends du consommateur, le nombre des cas de bonus devant excéder celui des malus.
Les associations demandent que l’on accroisse, d’urgence, la distance minimale entre les éoliennes et les habitations. Cette distance, 500 mètres à l’égard de toute habitation ou monument, a été fixée à une époque où les éoliennes étaient deux fois moins hautes qu’aujourd’hui. En effet, elles dépassaient rarement, en 2010, cent mètres de haut, pale comprise. Dès cette époque pourtant, leur voisinage était souvent insupportable. À présent, on voit surgir des projets de deux cents mètres, soit la hauteur de la tour Montparnasse.

mardi 3 mars 2020

Emmanuel Macron veut freiner l’essor de l’éolien terrestre

Article du Monde du 27 février 2020

Après avoir encouragé pendant deux ans son développement, l’exécutif amorce, sous la pression des élus locaux, un changement de cap qui ravit les opposants et provoque l’inquiétude de la filière.
Les éoliennes de l’Ecoparc Catalan, à Pézilla-la-Rivière, dans les Pyrénées-Orientales, le 22 février. 
Un vent mauvais souffle-t-il sur l’éolien terrestre ? Après avoir encouragé pendant deux ans son développement, l’exécutif amorce un changement de cap qui ravit les opposants et provoque l’inquiétude de la filière.
C’est Emmanuel Macron lui-même qui a planté la première graine de cette nouvelle donne, le 14 janvier, à Pau. Lors d’une table ronde sur le thème de « l’écologie dans nos territoires », le président de la République avait appelé à être « lucide » en affirmant que « la capacité à développer massivement l’éolien est réduite ».
« Le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays », expliquait-il, avant d’ajouter que « de plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux, considèrent que leur paysage est dégradé ».

Quelques jours plus tard, dans un entretien dans le Monde du 21 janvier, Elisabeth Borne déclarait que « le développement de l’éolien est très mal réparti en France ». « Cela s’est fait de façon anarchique, et on a des territoires dans lesquels il y a une saturation, y compris visuelle », soulignait la ministre de la transition écologique et solidaire, rompant ainsi avec le discours très enthousiaste sur l’éolien de ses prédécesseurs Nicolas Hulot et François de Rugy. Le 18 février, auditionnée au Sénat, elle précise sa pensée, dénonçant la « covisibilité avec des monuments historiques » et « une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable », plaidant pour un « développement harmonieux ».
« Le message des antiéoliens a été entendu par le chef de l’Etat, il a reçu beaucoup de messages à ce sujet, il faut qu’on soit vigilants », décrypte une source élyséenne, qui souligne que la relation avec les Français ruraux est une priorité de la deuxième partie du mandat