ARTICLE DU MONDE DU 19/04/2018
Dans un rapport rendu public mercredi,
l’institution s’inquiète du coût des mécanismes destinés à soutenir
l’éolien et le solaire et propose un meilleur contrôle démocratique sur
la politique énergétique.
Trop cher, pendant trop longtemps, pour un impact inférieur aux objectifs souhaités : la Cour des comptes s’est penchée, à la demande du Sénat, sur le soutien public aux énergies renouvelables.
Trop cher, pendant trop longtemps, pour un impact inférieur aux objectifs souhaités : la Cour des comptes s’est penchée, à la demande du Sénat, sur le soutien public aux énergies renouvelables.
Dans un rapport rendu public mercredi 18 avril, la Cour
estime que la France
doit renforcer la cohérence,
l’efficience et la transparence de sa politique de soutien au développement
des énergies renouvelables. Si les magistrats reconnaissent que la transition
énergétique est un exercice difficile à mettre
en œuvre, ils estiment que les pouvoirs publics devraient être plus vigilants sur la
« rationalité économique » des décisions prises et sur le « bon
usage des deniers publics ».
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- Un coût élevé, loin des objectifs affichés
« Malgré
les efforts » entrepris
pour assurer
le déploiement des énergies renouvelables, la Cour des comptes note « un
décalage persistant au regard des objectifs affichés ». Les moyens
financiers mobilisés par l’Etat sont pourtant « conséquents »,
selon la Cour, qui estime les dépenses publiques de soutien au secteur
(essentiellement le solaire et l’éolien) à 5,3 milliards d’euros
en 2016, dont 4,4 milliards pour les éoliennes électriques.
Pour favoriser
le développement de la filière, l’Etat a mis en place un système de soutien
public, en partie payé par les consommateurs sur leur facture d’électricité,
qui consiste à racheter
l’électricité à un tarif décidé à l’avance. Or ce tarif est très supérieur au
prix du marché, et les engagements courent sur vingt ans. La Cour des comptes
s’inquiète donc de coûts qui vont continuer
à augmenter
au fur et à mesure du développement de la filière... et persister
dans la durée.
A titre
d’exemple, les garanties accordées avant 2011 pour le solaire photovoltaïque
représenteront 2 milliards d’euros par an jusqu’en 2030, pour une
production qui équivaut à 0,7 % du mix électrique.
La part des
renouvelables dans la consommation
d’énergie est certes passée de 9,2 % en 2005 à 15,7 %
en 2016, mais l’objectif de la France est de porter
à cette part à 23 % dès 2020. Un objectif qui a très peu de chances d’être
atteint.
- Une focalisation trop importante sur l’électricité
La Cour
souligne que ce soutien public bénéficie essentiellement aux énergies
renouvelables électriques, au détriment de leurs homologues thermiques. Elle
recommande ainsi de mieux soutenir
ces énergies, en augmentant les moyens du fonds chaleur, qui permet de financer
les projets de gaz et de chaleur verte par les collectivités et les entreprises.
A titre de
comparaison, le soutien aux renouvelables électriques a coûté
4,4 milliards d’euros en 2016, contre 689 millions pour les
renouvelables thermiques. Or, souligne la Cour, c’est précisément ce type de
soutien qui pourrait avoir
un impact significatif sur la réduction des émissions de CO2 de la
France.
La Cour
souligne ainsi la difficulté pour la France de courir
deux lièvres à la fois dans sa politique
énergétique : remplacer
une partie de la production nucléaire
par des renouvelables électriques et par ailleurs lutter
contre le changement climatique en soutenant les renouvelables thermiques.
- Un besoin de transparence démocratique
Les
magistrats soulignent également la nécessité d’une « stratégie
énergétique plus concertée et cohérente ». Le Parlement devrait être « mieux
associé à la définition des objectifs de développement des énergies
renouvelables et des volumes financiers de soutien », selon la Cour.
Elle propose de « calculer le coût du mix énergétique programmé et les
soutiens publics induits » afin d’asseoir les décisions de programmation
énergétique sur ces informations.
Enfin, la
Cour préconise également de créer
un comité sur le modèle du conseil d’orientation des retraites chargé « d’éclairer
les choix » du gouvernement concernant la politique énergétique.
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